Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame des Doms
La cathédrale Notre‑Dame‑des‑Doms d'Avignon, située sur le rocher des Doms dans le centre intramuros d'Avignon (Vaucluse, Provence‑Alpes‑Côte d'Azur), est un édifice catholique attesté depuis le XIIe siècle et titré basilique mineure par le pape Pie IX en 1854. Elle occupe un emplacement dominant entre le rocher des Doms et le Palais des Papes, visible de loin grâce à sa flèche surmontée d'une statue de la Vierge et aux points de vue depuis la rive droite du Rhône, le mont Andaon ou le sommet des Alpilles. L'évêché d'Avignon est promu archevêché en 1475 et la cathédrale devient alors siège métropolitain ; elle reste le centre de l'archidiocèse d'Avignon. L'édifice, chef‑d'œuvre de l'art roman provençal, a été agrandi aux XIVe et XVIIe siècles par des chapelles latérales et présente un porche et un clocher largement inspirés de l'antique, avec entablement à frises de grecques et d'oves, modillons ornés de feuilles d'acanthe, colonnes engagées cannelées et chapiteaux feuillagés. Classée sur la première liste des monuments historiques en 1840 et inscrite à nouveau dans le Journal officiel de 1914, la cathédrale et ses abords ont fait l'objet d'une inscription en 2022, suivie d'un arrêté visant leur classement complet en 2023.
Un groupe cathédral est attesté dès le Xe siècle et comprenait alors quatre édifices : la cathédrale Notre‑Dame, l'église paroissiale Saint‑Étienne (absorbée dans le Palais au XIVe siècle et remplacée par la chapelle de Benoît XII), le baptistère Saint‑Jean‑Baptiste (sans trace subsistante) et un cloître reconstruit à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, aujourd'hui disparu ; quelques colonnes et chapiteaux, conservés au musée Calvet, témoignent de l'art raffiné de l'école de Saint‑Ruf. La chapelle latérale sud, édifiée en 1316 pour abriter le tombeau de Jean XXII, est réalisée en pierre de Pernes‑les‑Fontaines et, par son décor flamboyant, a été attribuée plausiblement au sculpteur anglais Hugues Wilfred. En 1336 le cardinal Giacomo Stefaneschi commande à Simone Martini les fresques du porche, achevées avant 1343. Sous le pontificat de Benoît XIII, Avignon subit un long siège ; le pape finit par quitter la ville en 1403 après de lourdes tensions et, en 1405, le clocher pyramidal de Notre‑Dame‑des‑Doms s'écroule, entraînant la destruction de l'ancien baptistère — l'écroulement est lié au poids des bombardes installées lors du siège.
Aux XVIIe siècle remontent d'importants travaux : en 1671 François de Royers de La Valfenière reconstruit une abside plus vaste, en 1672 François d'Elbène et Pierre Péru réalisent une galerie‑tribune ceinturant la nef et entaillant les pieds‑droits romans, et vers 1680 deux chapelles sont élevées au flanc sud. L'édifice subit des pillages pendant la Révolution, est restauré sous le Premier Empire et retrouve le culte en 1822. En 1859 une statue de la Vierge en plomb doré, pesant 4,5 tonnes, est installée au sommet du clocher et sera redorée lors du Grand Jubilé de 2000. La basilique a été fermée pour travaux de 2014 à 2016 et rouverte durant la Semaine Sainte, le 24 mars 2016.
Le mobilier et les ornements comprennent une cathèdre romane en marbre blanc du XIIe siècle ornée des symboles des évangélistes, classée au titre des objets, les tombeaux gothiques de Jean XXII et de Benoît XII, trois statues de la Vierge dont la Vierge de plomb doré couronnant le clocher, ainsi que des tribunes et une galerie baroque du XVIIe siècle et divers éléments sculptés et mobilier liturgique. L'orgue doré, construit en 1819 par Lodovico Piantanida ou son élève Giovanni Mentasti, a été classé Monument historique au titre objet en 1974 ; il a conservé de nombreux tuyaux et éléments d'origine, a fait l'objet de relevages et de restaurations successives aux XIXe et XXe siècles et a été restauré au début des années 2000 par la Fabrica d’organi Mascioni avant d'être remonté et harmonisé. L'orgue de chœur de Charles Mutin, daté de 1902, se trouve au sol face à la cathèdre.
Parmi les peintures murales, une fresque macabre du Dit des trois morts et des trois vifs et une autre scène où la Mort décoche des flèches ont été datées de la seconde moitié du XIIIe siècle, ce qui en fait l'une des plus anciennes compositions de ce genre en Europe. Le tympan du porche conserve également deux sinopies de Simone Martini représentant le Christ en gloire entouré d'anges et la Vierge à l'Enfant avec le cardinal Jacopo Stefaneschi ; ces esquisses ont été détachées et transférées sur panneaux pour être exposées dans la salle du Consistoire du Palais des Papes. La cathédrale abrite de nombreuses statues représentant le Christ, la Vierge et des saints locaux et universels — parmi elles : le Christ de pitié, saint Agricol, sainte Marthe, saint Roch, saint Bénézet, saint Pierre, saint Jean, saint Nicolas, saint Joseph, saint Thomas, sainte Marie‑Madeleine, Padre Pio et une Vierge à l'Enfant dite Notre‑Dame de Tout Pouvoir.
Le clocher porte un carillon de trente‑cinq cloches dont quinze peuvent sonner en volée, ce qui fait de la sonnerie l'une des plus étoffées de France ; la sonnerie totale pèse environ quatorze tonnes. Le bourdon, nommé Maria de Domnis, a été coulé en 1854 par le fondeur avignonnais Pierre Pierron et pèse 6 301 kg. Après la dispersion des cloches pendant la Révolution, plusieurs fontes et ajouts successifs aux XIXe et XXe siècles ont permis de reconstituer et d'achever le carillon actuel, utilisé pour les sonneries horaires et l'angélus.
La cathédrale et le Palais des Papes ont été fréquemment représentés dans l'art : parmi les images anciennes et modernes figurent le Retable du crucifix d'Antoine Rozen (1520), le dessin de 1617 d'Étienne Martellange et des vues d'artistes tels que James Carroll Beckwith, Paul Signac et Adrian Stokes, qui mettent tour à tour l'accent sur la cathédrale, le palais ou le paysage urbain. Enfin, l'analyse architecturale et la reconstitution du site par Viollet‑le‑Duc ont fourni des plans et des commentaires détaillés sur la disposition des tours, des logis, du cloître et des salles, utiles pour l'étude historique et la restauration de l'ensemble.
